Le Département a lancé son projet « Un pont, une œuvre » : un parcours artistique qui comptera 70 réalisations à terme et magnifiera les 48 ponts qui enjambent la Somme.
La démarche culturelle « Un pont, une œuvre » offre l’occasion d’asseoir une nouvelle dimension de la stratégie « Vallée de Somme, Vallée idéale » en lien avec l’omniprésence de l’eau et les traits d’union que symbolisent les ponts.
Les ponts qui jalonnent le fleuve sont autant de liens entre les hommes en réunissant ce que la nature a séparé. Ce symbole d’union et de connexion va devenir le support d’un parcours artistique, qui permettra de mieux comprendre l’histoire et la géographie du territoire, de révéler les paysages, de susciter la surprise et les rencontres, et d’associer le goût de la nature à l’enrichissement culturel.



Par Pedro Richardo et Arnaud Katset
C’est sous le pont de la Femme nue à Abbeville (boulevard de la Portelette), à proximité de la statue retournée, que les premiers coups de pinceaux du projet « Un pont, une œuvre » ont été donnés à l’automne 2022.
Ce premier geste artistique, on le doit à l’association Curb, pôle ressources départemental dédié aux cultures urbaines, qui a convié les artistes Pedro Richardo et Arnaud Katset. Ils ont réalisé une œuvre en miroir de la sculpture de la Femme nue, installée en 1957 et retournée pour regarder le fleuve.
Dans un style à mi-chemin entre l’abstraction et la figuration, avec son oeuvre « Odalisque », Pedro Richardo a peint une femme allongée devant la Baie de Somme, au coucher de soleil, qui baigne dans la couleur : une ode à la femme, sous forme d’une peinture pop, en aplat dans les tons pastel. Est représentée une statue dans une pose lascive, comme une figure design, où l’humain et la nature ne font plus qu’un, le corps comme un paysage, le paysage comme un corps. Cette oeuvre ayant subi des dégrations, elle est n’est plus visible actuellement.
Habitué à travailler sur le nu et le corps, Arnaud Kastet a lui réalisé une peinture réaliste, intitulée « Dualités », à partir d’un modèle qui a posé dans son atelier : « En regardant cette statue, j’ai eu envie de trouver une pose allongée qui pouvait faire une citation cohérente. Le fait qu’elle regarde vers le bas et vers l’eau, je trouvais que ça fonctionnait bien », explique l’artiste. “Dualités” a pour origine une réflexion sur notre corps et sa représentation. Sommes-nous libres de disposer de nos corps aujourd’hui ? Quelles influences notre société porte-t-elle sur notre corps et son image ? Arnaud Katset a choisi d’utiliser l’eau comme un miroir, pour initier un dialogue entre la peinture, son reflet, et “La Somme” sculptée 70 ans auparavant.
Partenaire : Ville d’Abbeville
Production : Curb



Par L’Atelier Quand même
Architectes, paysagistes et scénographes : Pierre-Yves Péré, James Bouquard, Camille Clerc et Benjamin Hubert
Une deuxième création a vu le jour pour le projet « Un pont, une œuvre ». L’atelier Quand même a finalisé son œuvre « le Déversoir » à Pont-Remy : une installation artistique et paysagère qui invite le promeneur à mettre les pieds dans l’eau et à admirer la Vieille Somme.
Le Déversoir est une installation qui fait le lien entre le Canal de la Somme et le cours voisin de la Vieille Somme. Trois pans de bois inclinés incisent le talus de la berge et proposent un rapport progressif entre corps et objet : une sorte d’écluse piétonne qui place les visiteurs dans une atmosphère confinée, pour les accompagner jusqu’au fleuve et les immerger dans l’ambiance apaisante de ses berges.
En empruntant à l’esthétique des ouvrages hydrauliques du Canal et des biefs de l’ancien quartier des moulins de la commune, Le Déversoir évoque l’histoire industrielle du site qui a fait la richesse de Pont Rémy.
Partenaires : Amiens Métropole, Région Hauts-de-France
Production : Art & jardins Hauts de France
Avec le soutien de la Fondation agricole Brie Picardie



Par Antoine Milian, artiste plasticien
La Somme s’écoule paisiblement et abrite une biodiversité foisonnante, régie par des cycles naturels : circulations migratoires de la faune, cycle de l’eau et des saisons, cycle du carbone et cycle de la vie, célébrés ici par l’œuvre d’Antoine Milian Flux.
L’anneau est un rhizome de métal, un enchevêtrement de lamelles d’acier et d’aluminium, dont l’assemblage et le tressage crée un flux continu. Ce maillage fluide et organique aux tonalités rougeoyantes se détache ainsi de l’environnement chromatique vert et brun et donne à la forme un caractère irréel, entre ciel, terre et eau.
L’œuvre d’Antoine Milian entre en résonance avec son environnement, nature indomptable au cycle ininterrompu, en présentant un cercle continu aussi tumultueux qu’harmonieux, comme la Somme.
Partenaires : Amiens Métropole, Région Hauts-de-France
Production : Art & jardins Hauts-de-France
Avec le soutien de la Fondation agricole Brie Picardie



Par Matthieu Pilaud, artiste plasticien
Inspiré par les rosaces des édifices qui bordent la Somme, Matthieu Pilaud invoque le mythe de la Roue de la fortune pour entrer en résonnance avec la nature capricieuse de l’Histoire de la Somme, le département fleuve.
Ces motifs, repris de la Basilique de Saint-Quentin, de l’église Saint-Jean-Baptiste de Péronne, de l’abbatiale Saint-Pierre de Corbie, de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens et de la collégiale Saint-Vulfran d’Abbeville, construits pour « faire chanter la lumière », redeviennent ici des roues, des rouets, des moulins, tels une extrapolation d’un parcours mythique le long de la Vallée de la Somme.
Par un procédé de flexion, Matthieu Pillaud tente de replier ces broderies de pierre pour leur donner la courbure nécessaire à un mouvement éolien. Elles deviennent ainsi de grandes turbines de dentelles en aluminium se reflétant dans les eaux du canal et se décalant quelque peu au gré du vent.
Partenaires : Amiens Métropole, Région Hauts-de-France
Production : Art & jardins Hauts-de-France
Avec le soutien de la Fondation agricole Brie Picardie



À Long, Núria Tamarit et Pierre-Henry Gomont ont été sélectionnés par l’association On a Marché sur la Bulle pour illustrer les futures utilisations de deux maisons.
Núria Tamarit
Vivre toute une vie ou quelques instants le long du fleuve Somme, à Long, implique d’être en contact avec une nature généreuse et diverse, et c’est toute cette dimension qui a été abordée ici, nous permettant de savoir quelle faune nous entoure et cohabite avec le village. Venir à Long, c’est aussi la promesse de découvertes, de promenades, de loisirs simples et profonds, en lien avec les éléments naturels et les constructions harmonieuses qui se déploient sur les rives.
Pierre-Henry Gomont
Créer, c’est toujours s’éloigner du monde, plonger dans un univers intérieur, partir seul pour mieux comprendre ce que l’on aura ensuite à partager avec les autres. C’est en s’emparant d’une maison conservée sur l’île comme endroit idéal pour des résidences d’artistes que Pierre-Heny Gomont a imaginé puis dessiné des femmes et des hommes qui habiteraient l’endroit, cette île, pour plonger en eux-mêmes et créer. Conteuse, sculpteur, peintre, potier, pianiste, jongleur, on peut voir par les fenêtres des univers qui prennent forme, on croirait entendre des notes de musique et le crissement du crayon sur la planche de bande dessinée.
Partenaires : Amiens Métropole, Région Hauts-de-France
Production : On a marché sur la bulle



Par Mathieu Gontier, paysagiste-concepteur
Créé dès 2018 aux abords du canal de la Somme, le jardin Destock évoque l’histoire du commerce fluvial et exprime la richesse d’une forme de « nature à l’œuvre ». Recouvert de gravier, comme si une péniche avait oublié là un de ses chargements, le jardin mélange une palette végétale composée d’essences issues de la friche, qui évoque la reconquête d’un chargement oublié, mais également issues de milieu alpin, qui exprime la richesse et la diversité des essences pouvant s’installer sur un sol pauvre. Cette « nature à l’œuvre » est protégée et mise en scène par une structure bois qui accueille une série de transats. Cette ligne d’assises est orientée vers le spectacle du passage d’un bateau dans l’écluse, mais également vers le patrimoine étonnant du village, marqueur d’une richesse passée, qui mérite « la pause » des cyclistes et des promeneurs qui empruntent l’ancien chemin de halage.
Production : Art & jardins Hauts-de-France
Avec le soutien de la Fondation agricole Brie Picardie



Par Antoine Gauffeny, artiste sculpteur
Cette sculpture, signée par Antoine Gauffeny, rend un vibrant hommage aux soldats américains du bombardier Spare-Charlie, abattu le 22 juin 1944 à Épagnette. Avec son design unique, l’œuvre se transforme selon votre position, symbolisant la disparition et l’éphémère.
Un pilote américain de la Seconde Guerre mondiale effectue un salut militaire en direction des marais où, le 22 juin 1944, le bombardier Spare-Charlie s’est abîmé.
Le pont, brut et massif, et la sculpture, moderne et légère, se confrontent et se complètent pour créer des liens. Lorsque le pont relie les marécages à la rive droite urbanisée, l’œuvre révèle par sa position et sa posture l’évènement historique. En surplomb du fleuve et à la croisée des chemins, elle s’affirme aux yeux de tous et crée un signal, une image forte qui lie le présent au passé.
Parfois physique et matérielle, parfois légère et transparente, l’intervention artistique nous transporte dans une dimension onirique liée au thème de la disparition. Immobile et changeante, vide et pleine, l’œuvre se métamorphose et s’efface peu à peu au gré de la déambulation du spectateur. Vue de face, elle a presque totalement disparu. Un effet visuel puissant qui nous interroge sur le caractère réel de cette représentation humaine. Ce sentiment est renforcé par un effet inversé. Bras gauche levé, le personnage contemplé est le reflet d’un aviateur passé «de l’autre côté du miroir».
Un dernier trait d’union est ainsi créé, entre le monde des morts et celui des vivants.



Par Iota (Elisa Morler), Nean (Fabien Hupin) et Spear (Corentin Binard), artistes plasticiens
La Sagittaire est une plante aquatique vivace appartenant au genre Sagittaria, de la famille des Alismataceae. Autant appréciée pour son aspect ornemental que pour ses qualités dépolluantes, elle tire son nom de ses feuilles émergées en forme de flèche qui lui valent le surnom de «flèche d’eau». La Sagittaire flèche d’eau est une plante indigène, présente en France, dans les zones humides, les fossés et les étangs, ou le long des cours d’eau à faible courant. Les plantes sont adaptables et tolérantes à une grande variété de conditions d’eau, se propageant librement, sans aide.
Cette fresque monumentale évoque la richesse et la diversité des milieux naturels, souvent reconnus pour leur valeur écologique, esthétique ou scientifique. Aussi, l’œuvre vient rappeler l’importance de la préservation du patrimoine naturel et de la biodiversité, afin de garantir et prolonger les bienfaits écologiques.
Cette œuvre est le fruit de la collaboration entre trois artistes de la scène bruxelloise, à l’invitation de l’association CURB.
Elle a été réalisée dans le cadre du festival d’arts visuels IC.ON.IC et de la démarche culturelle Un pont, Une œuvre.
Co-financeur : Amiens Métropole
Partenaire : CURB
Production : Iconic Festival
Avec le soutien de Caparol

Par Françoise Petrovicth, artiste plasticienne
C’est au pied de la nouvelle passerelle Samarobriva à Amiens, qui relie le parc Saint-Pierre et la véloroute Vallée de Somme au centre-ville, que s’est installée l’œuvre « Enrochement », une sculpture signée Françoise Petrovitch.
Cette œuvre hybride, entre l’homme et l’animal, invite à la rêverie et au dialogue entre ville et nature.
Au sommet d’un rocher est assise une figure d’apparence frêle, mais fière et bien campée. Elle est revêtue d’une majestueuse tête de cerf. Hissée en hauteur, elle porte son regard loin, en direction de la cathédrale.
Telle une sentinelle, elle observe, elle protège, elle rassure. À ses pieds, en imagination, nous pouvons avec elle déplacer nos regards, les laisser vagabonder dans le ciel. Vigie fidèle, nous savons que nous la retrouverons ainsi, postée et masquée, demain, et après-demain, et après-après-demain…
L’art de Françoise Pétrovitch façonne un monde ambigu, peuplé d’animaux, fleurs et êtres, se jouant des frontières conventionnelles et échappant à toute interprétation. La sculpture Enrochement s’inscrit dans cette veine : elle crée une présence au-delà de l’image, figure humaine flirtant avec l’animal, perchée, comme en retrait du monde, fragile en apparence et pourtant indépendante et puissante.
Partenaires : Ville d’Amiens, FRAC de Picardie



Par Vincent Mauger, artiste plasticien
Procédant par répétition d’un module ou d’un motif, les sculptures de Vincent Mauger aboutissent souvent à des structures complexes qui ouvrent sur l’infini de l’imaginaire.
La pièce qu’il propose se présente comme une forme organique qui s’inspire du monde animal et végétal : elle peut être interprétée comme une allégorie de la nature qui se défend.
Production : Art & jardins Hauts-de-France

Amiens Métropole a programmé la réhabilitation du pont de la Borne, reliant Amiens à Camon, au cours de l’année 2025.
Il s’agit d’un pont métallique construit en 1947 et élargi par l’ajout d’une passerelle piétonne en 1999.
Le pont conservera sa couleur et sa géométrie actuelle. Il est voisin du site exceptionnel des Hortillonnages.
Amiens Métropole a souhaité inscrire ce pont dans la démarche Un pont, Une oeuvre et vient de pré sélectionner trois artistes.
Partenaire : Amiens Métropole